Magi Merlin

VENDREDI 5 JUILLET

17:20
LA PULPERIE : SCÈNE HYDRO-QUÉBEC

Crédit : Jennifer Li

Magi Merlin (prononcé MADGE-eye) a grandi à Saint-Lazare, une banlieue de Montréal. L'endroit peut vous sembler inconnu, mais soyez assuré qu'il est beaucoup plus proche de votre réalité que vous ne le pensez. Il s’agit d'un fantasme imaginé par des gens comme Nixon dans les années 70, un endroit pour les blancs, par des blancs. La banlieue est la quintessence de la "normalité", sauf bien sûr si vous remplacez blanc par noir, hétéro par queer, c'est là que la normalité est remise en question. Ce phénomène, ainsi que d'autres sujets - tels que l'impact du capitalisme sur l'art, le népotisme, le rapport que l'on entretient avec le plaisir de faire partie de ces réalités tout en les rejetant -, est la motivation et l'inspiration derrière l'univers créatif de Gone Girl, le plus récent et plus audacieux projet musical de Merlin.

L'EP puise ses influences dans la house des années 90s, le drum and bass, le Motown et le hip hop aux accents acidulés. La voix de Merlin, alliée au style de production distinctif de Funkywhat, rappelle l'atmosphère brumeuse d’un after hours dont les vitres auraient été fracassées par les vibrations d'une ligne de basse. Se décrivant elle-même comme une ‘nihiliste espiègle’, elle fusionne des scats jazzy, du rap et des breakbeats pour aborder des sujets tels que l'angoisse générationnelle, les fausses amitiés et le racisme ordinaire.

Il ne serait pas tout à fait exact de considérer Magi comme une simple chanteuse ou une compositrice. La musique est effectivement au cœur de son univers créatif, mais son monde s'étend au-delà de ce médium. Il s'agit d'un univers à la fois visuel et auditif, qui est continuellement façonné par des collaborations avec des créateurs de mode, des photographes et des vidéastes.

Surfant sur des hi-hats givrés, des snares tectoniques et une ligne de basse détonante, l’extrait Free Grillz démontre l'arsenal vocal de Magi. Mariant une sensualité rythmique, sensible et assurée à des hooks oniriques, la chanson est accompagnée d’un clip dans lequel elle se montre menaçante, de glace et absolument captivante. La pièce Pissed Black Girl pousse encore plus loin ce rêve fiévreux et hyper énergique. Elle canalise la frustration accumulée au fil des ans face à de faux progressistes, la transformant en un hymne de plancher de danse extatique, cathartique et affirmatif, subvertissant ainsi le stéréotype épuisé de la femme noire colérique.

Gone Girl résonne presque comme une mixtape avec ses interludes et son renversement des genres musicaux. Ce n'est que logique que le EP se termine par No Ego, une chanson sur laquelle Magi Merlin captive les auditeurs avec ses chants tantriques qui célèbrent notre façon de vivre à l’improviste.

Funky et énergique — mais également confrontant, sombre et empreint de douleur — Gone Girl démontre que Merlin est tout aussi capable d’éblouir ses fans avec des morceaux soul se prêtant au dancefloor que de prendre le micro et de présider royalement sa scène qui ne cesse de s'élargir.

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